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Apprenons à lire un bilan bancaire grâce au Débit Agricole

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Suite de notre série sur les mégabanques françaises, en complétant le billet sur le Crédit Agricole.

Je vous propose aujourd’hui de mieux comprendre de quoi est constitué un bilan bancaire, en analysant les (tristes) comptes 2012 du Crédit Agricole SA – dont les pertes de sa filiale grecque ainsi que les dépréciations de ses autres acquisitions ont entraîné une perte de 6 Md€ à sa holding SA.

On observe qu’il y a beaucoup de lignes, certaines de 572 milliards, d’autres de 4. On va donc regrouper pour en garder que les plus importantes. Voici la synthèse :

L’actif (ce que “possède” la banques) se compose de 6 éléments principaux :

  • 1 et 2 représentent les prêts que la banque a accordés, aux clients et à d’autres banques ;
  • 3 représente les actifs que la banque possède à court terme (elle est intermédiaire dans les marchés spéculatifs)
  • 4 représente les actifs que la banque possède à plus long terme (en particulier comme placement des assurances vendues par le groupe)
  • 5 représente le solde
  • 6 représente les écarts d’acquisition. Poste important, dans lequel on loge les surcoûts d’acquisition. Quand la banque achète une filiale en Grèce qui vaut “objectivement” 7 milliards, mais qu’elle paie 8 milliards  elle comptabilise en participation 7 et 1 dans les écarts d’acquisition. Bon, quand la filiale s’avère plus tard ne valoir que 0 en fait , il faut diminuer les 2 postes…

Voici le passif (ce que “doit” la banque + ses fonds propres  [qu'elle doit à terme aux actionnaires] ) :

On a 6 postes de dette :

  • 1 représente les dépôts des clients (la banque vous les doit, évidemment) ;
  • 2 représente les emprunts que la banque a effectués, auprès d’autres banques (sa situation nette est donc prêteuse de 386-161 = 225 milliards) ;
  • 3 représente les passifs que la banque possède à court terme (elle est intermédiaire dans les marchés spéculatifs) ;
  • 4 représente les obligations que la banque a émises pour se financer ;
  • 5 représente les sommes dues aux assurés (assurance vie…) ;
  • 6 représente le solde

et 2 de capitaux propres, avec le résultat de l’année et la valeur des fonds propres avant leur imputation.

Cela donne ce schéma en synthèse :

On observe que le Crédit Agricole recueille nettement plus de dépôts que ce qu’il effectue comme prêts. Il est donc en mesure de prêter de l’argent aux autres banques.

En rouge figurent donc les activités de marché. Avec plus de 600 Md€, le total justifie qu’on demande leur éloignement sanitaire d’urgence – de lourdes pertes pouvant mettre en danger les dépôts.

Maintenant que nous avons une meilleure vision, nous allons observer l’évolution du bilan en 2012. Elle est assez… surréaliste !

Rappelons avant que l’exercice se solde par une magnifique perte historique de 6,5 Md€ (les chiffres négatifs sont entre parenthèses) :

3,4 Md€ de pertes proviennent de réajustement d’écarts d’acquisition (actant que ces achats ont été de mauvaises affaires en fait) et 4 Md€ proviennent en particulier de pertes de la filiale grecque Emporiki, vendue en 2012.

Voici ce qu’on peut dire sur l’évolution de l’actif durant cette année noire :

On note :

  • que les prêts à l’économie sont en baisse de -70 Md€ (en raison entre autres de la vente de la filiale grecque) et ne représentent plus que 18 % du bilan ;
  • qu’en revanche, tout va bien pour la spéculation : + 130 Md€ !
  • l’impact du réajustement des écarts d’acquisition. Il en reste pour encore 14 Md€ cependant (dont 2 à l’international et 2 dans les activités de marchés – rien n’a changé pour la banque de détail en France  où la situation est évidemment brillante…).


Voici pour le passif :

On note :

  • que les dépôts fondent de 42 Md€ (vente de filiales)
  • que les passifs spéculatifs augmentent de 133 Md€ ;
  • la perte de 6,5 Md€ impactant les fonds propres ;
  • que, du coup, les fonds propres au bilan ne représentent plus que 45 Md€ pour 1 842 Md€ de bilan, soit un magnifique 2,5 % ! Record battu parmi les 28 banques systémiques mondiales…

Précisions enfin que le montant des engagements bruts sur produits dérivés :

atteignent désormais la bagatelle de 15 550 milliards d’euros (pas d’erreur, mais une grande partie se compense – quand tout va bien…), et ont à peine baissé sur la période.

Bref, encore un beau succès du “modèle de banque universelle” !

Pour continuer, nous réaliserons dans un prochain billet une synthèse de la situation de nos mégabanques


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